S’il fait toujours beau en Valais, ce dimanche 30 août constituait une exception, du moins en ce qui concerne l’extérieur, puisque l’ambiance était au beau fixe dans toutes les caves visitées à Riddes et à Leytron. Si j’étais un peu réticent à faire le trajet vers le Valais, je suis bien content d’avoir vécu une vraie journée de Caves Ouvertes (avec quelques mesures barrières en plus) puisque les Vaudois ont jeté l’éponge sur leur week-end prévu début septembre.
Si vous pensez que Riddes ne doit être mentionnée dans le monde viticole du Valais que grâce à la présence des Fils Maye, vous avez tort. A deux pas de la gare, la Cave des Ponts de Christophe Laurenti cultive sur 6 hectares 18 cépages différents dans l’esprit d’une viticulture raisonnée, même s’il n’a pas de certification bio. Ce sympathique vigneron est celui que tout amateur de vin a envie de rencontrer lors d’une dégustation puisqu’il répond de manière pédagogique aux questions et explique clairement les différentes options qu’il a choisies pour son domaine. Il est difficile de faire un choix au vu de la qualité des vins dégustés, mais je veux mettre ici en évidence l’art de l’assemblage de Christophe Laurenti. Son Ryda 2017 combine Chardonnay, Pinot Blanc et Gewürztraminer de manière harmonieuse. Si au premier abord le parfum de rose du Gewürztraminer est dominant, ce dernier est complété par des notes d’agrumes et de fruits blancs dans une bouche équilibrée entre gras et acidité. Avec le rouge le Celiar, la diversité des millésimes s’ajoute à celle des cépages pour fournir un vin ample et soyeux associant la gourmandise des baies de bois et de la cerise avec quelques notes confiturées. Un vin d’un superbe rapport prix-plaisir.
De l’autre côté du Rhône, c’est juste à côté de la Cave le Bosset que nous dépose la navette qui relie Riddes à Leytron. En regardant la liste des vins, je me rends compte que le hasard a bien fait les choses, puisque nous avions bu avec plaisir une bouteille de leur Fragrans 2018 il y a quelques semaines lors d’un repas à l’excellent restaurant Les Collines à La Sage / Evolène. Dans les vins blancs dégustés, je mettrais à l’honneur la Marsanne Les Fourches 2018 qui associait des arômes de fruits blancs et d’abricots secs avec des notes minérales. Pour les rouges, mon préféré a été le superbe Cyhnoir 2019, un assemblage de Cabernet, Syrah et Humagne. Le nez est charmeur avec des parfums de mûres et de cerises associées à des notes poivrées. La bouche est soyeuse avec des légères sensations de confiture et encore quelques tannins qui rappellent qu’il faudra patienter encore un peu pour apprécier pleinement ce vin. Une mention particulière pour le 51 Pegasi, un rosé de Pinot Gris qui offrait des notes gourmandes de fraise et de fruits rouges associées à une petite mais agréable dose de carbonique en bouche.
Il valait la peine de faire le petit jeu de piste qui menait au carnotzet de Reto Müller. Ce Lucernois reconvertit dans la viticulture après une première carrière dans un autre domaine a comme objectif de produire des vins biodynamiques de qualité et certaines idées bien claires sur comment y parvenir… et comment les faire déguster. Et on apprécie d’autant plus ce perfectionnisme que l’on se retrouve avec des « vrais » verres à vin avec des volumes qui rendent la dégustation bien plus agréable, même si l’on peut comprendre que cela demande aussi un certain investissement financier. J’avais initialement envie par facilité de mettre en évidence chez Reto Müller sa trilogie d’Heida/Païen, avec notamment une version « orange » à la mirabelle gourmande et ample, ainsi que l’Aja, un assemblage Gamaret & Diolinoir complexe et gourmand. Je voudrais cependant mettre à l’honneur sa Dôle Blanche 2018 avec l’idée que le talent d’un vigneron peut se mesurer plus facilement dans la qualité de ses premiers vins que celui de ses « têtes d’affiche ». Avec sa jolie robe rose, cette Dôle Blanche offrait des parfums expressifs de fruits rouges que l’on retrouvait avec plaisir dans une bouche à la fois ample et élégante.
Sans l’avoir totalement planifié à l’avance, cette journée entre Riddes et Leytron m’a procuré trois grands moments de plaisir avec d’excellents vignerons travaillant dans l’esprit d’une viticulture raisonnée, biologique ou biodynamique. Il existait d’ailleurs des connexions entre eux sous différents aspects qui mettaient en évidence que la notion de partage n’existe pas qu’entre les clients et les vignerons, mais aussi entre ces derniers.
Références
Cave des Ponts, Ruelle des Granges 5, 1908 Riddes, https://laurenti.ch/cavedesponts/
Cave le Bosset, Chemin des Ecoliers 2, 1912 Leytron, https://www.lebosset.ch/
Reto Müller, Route de Saillon 3, 1912 Leytron, https://artisan-vigneron.ch/
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